Chiffres assurance maladie - dépenses remboursées 2021 & rapport sur l'évolution des charges et produits 2022 + TokTokDoc

« Il ne faut pas plus d’argent, il faut moins de malades »

Question épineuse que celle de l’investissement en santé. À laquelle les réponses sont nombreuses. Payer plus ? Améliorer l’efficience ? Mieux cibler ? Mieux coordonner ? La réponse de Franck Chauvin, ancien président du Haut Conseil de la santé publique, a le mérite de remettre les choses

« Quality is cheaper »

Alors, un bon investissement en santé, c’est quoi ?

On peut reprendre ici la définition qu’en donne le Professeur Jean-Yves Blay (Unicancer) : « c’est un investissement qui nous permet de mieux réaliser notre mission de soin. Dans un monde rêvé – mais pas si utopique, c’est aussi un investissement qui réduit les coûts de prise en charge, qui génère des économies sur la consommation de soins parce qu’il cible la prévention. Les patients bien traités qui ne rechutent pas, ce sont des patients qui coûtent moins cher. Je suis intimement convaincu que la vraie qualité en santé est peu onéreuse. Comme disent les Anglo-Saxons, « quality is cheaper. »

Une illustration récente (et une démarche intéressante) : le cabinet Asterès a évalué les économies générées par six actions thérapeutiques, programmes de recherche et solutions numériques. Campagne de vaccination anti-HPV et dépistage du cancer du poumon pour l’innovation organisationnelle, administration précoce des thérapies innovantes à haute efficacité contre la sclérose en plaques pour l’innovation thérapeutique, les capteurs de glucose en continu pour l’innovation numérique… L’étude évalue jusqu’à 130 000 cas de pathologies graves ou chroniques évitées, 12 000 vies sauvées par an, et 800m€ de bénéfices générés après déduction des coûts de déploiement.

Cabinet Asterès, Innovations organisationnelles, thérapeutiques, numériques ou politiques en santé : vers une estimation des effets sanitaires et économiques tangibles pour la société, mars 2025

En résumé : un euro bien investi dans la santé et la prévention en rapporte ici sept fois plus. Oui, l’investissement en santé a son ROI. Le cabinet a évalué le coût médical évité ou amoindri en termes de dépenses pour l’Assurance-maladie et les complémentaires santé, mais aussi, et c’est intéressant, le coût socio-économique(perte de productivité pour cause d’arrêt maladie, décès précoces) et les coûts publics du handicap. Car les bénéfices sont multi-factoriels. Malheureusement, ils ne sont pas assez évolués, englués que nous sommes dans des approches curatives, ponctuelles et trop souvent court-termistes.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

En privilégiant une culture hospitalo-centrée de l’investissement. Un diagnostic qui n’est pas nouveau… Notre système a pris du retard sur la structuration des soins primaires. L’accès à des consultations de premier recours est de plus en plus difficile. La prévention, l’aller-vers, les parcours de soin structurés et coordonnés, l’approche domiciliaire, le dernier kilomètre du soin, sont insuffisamment développés. Didier Haas, fondateur des Rencontres santé de Nice, n’y va pas par quatre chemins : « on a chargé la mule hospitalière pendant des années […]. Pour orchestrer ce changement de vision politique, cela réclamait de lever le pied sur l’administratif, les ordonnances et les normes. Aujourd’hui, la réalité est le grand témoin de ce déséquilibre. »

Le rapport sur « Les grands défis économiques », par la commission internationale Blanchard-Tirole en tire les conclusions : il recommande de réformer le système de santé afin de favoriser les soins préventifs et d’améliorer les modalités de prise en charge. Avec comme ingrédients, pêle-mêle, le paiement à la performance en matière de traitement et de prévention des maladies chroniques, la mise en oeuvre des paiements forfaitaires, un panier de soins préventifs remboursé, et le recours accru à la télémédecine.

France Stratégies, Les Grands Défis économiques, Commission internationale présidée par Olivier Blanchard et Jean Tirole, juin 2021

De façon intéressante, Maëlig Le Bayon, récent directeur de la CNSA, ne dit pas autre chose, quand il s’inquiète d’être « prêts collectivement à affronter 2030 ». On retrouve dans propos la logique d’investissement en santé, capable de générer des cercles vertueux : « l’autre grand chantier, c’est d’investir dans la prévention de la perte d’autonomie pour continuer à gagner des années de vie en pleine autonomie. Si l’on parvient à prendre ce virage correctement, nous aurons moins de professionnels à former, dans un contexte démographique qui est aussi celui de la diminution du nombre d’aidants. »

Un exemple d’investissement pensé, coordonné et mesuré, à l’impact durable

En comparaison des promesses des biotechnologies ou de l’IA en santé, la proposition de valeur de TokTokDoc est peut-être modeste. Mais elle a le mérite de cocher toutes les cases déjà évoquées, au service d’une population fragile et croissante, et avec des impacts en cascade pour notre système de santé comme notre société. L’accès aux soins primaires des résidents d’Ehpad est à la fois un créneau extrêmement délicat – et dont l’amélioration se fait attendre depuis bien trop longtemps. L’avis n°148 du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) relève que « la capacité insuffisante des systèmes de soin et médico-social à se saisir des situations de vulnérabilité dans leur complexité, à les penser et à les accompagner, les aggrave inévitablement. […] L’organisation de l’offre de soins est, à certains égards, inadéquate » 

On nous demande souvent pourquoi nous avons choisi de nous adresser à une population que tous les autres fuient. Les résidents d’Ehpad sont des personnes qui présentent des profils de soins complexes ; connaissent la dépendance et l’isolement ; vivent dans des structures qui connaissent des problématiques structurelles lourdes (problèmes de recrutement, manque de moyens). Y développer des modalités de prise en soin innovantes, c’est un combat de longue haleine. En santé, beaucoup le savent, mettre en place de nouveaux modes d’exercice coordonnés et distribués demande de la patience. Mesurer l’impact des actions entreprises exige au minimum 2 à 3 ans de recul et l’accès à des données difficilement accessibles. Faire bouger des lignes réglementaires en bonne entente avec les autorités de tutelles implique de la patience et une excellente compréhension mutuelle, qui ne se construit pas en quelques mois.

Chiffres assurance maladie - dépenses remboursées 2021 & rapport sur l'évolution des charges et produits 2022 + TokTokDoc

C’est pourquoi nous sommes fiers du chemin parcouru. En équipant aujourd’hui plus de 500 établissements dans l’accès au soin par télémédecine accompagnée de leurs résidents, sous la forme d’un accompagnement dans la durée – et non pas à l’acte. Nous facilitons l’accès à 18 spécialités dans 53 départements, 13 régions sur 14. Mais surtout, nous continuons à explorer de nouveaux modèles. Notre Policlinique, toujours active dans le Grand Est, est un dispositif territorial d’accès au soin de spécialité en Ehpad grâce à la télémédecine accompagnée, où des infirmiers (IDE) mobiles experts sont mutualisés sur plusieurs Ehpad. Ils forment la pierre angulaire d’un réseau ambulatoire et distant. Un panier de soins objectivé, transparent et structurant y a été mis en place en lien avec les médecins coordonnateurs et traitants, autour d’axes thérapeutiques préventifs et curatifs.

En extrapolant les résultats déjà obtenus à l’ensemble des 600 000 résidents actuellement hébergés en Ehpad en France, et en tenant compte d’une durée moyenne de séjour estimée à 40 mois, ce sont près de 982 millions d’euros d’économies potentielles sur la seule consommation de services et de biens médicaux qui sont envisageables. Alors que la France est le pays de la zone euro qui a connu au cours des cinq dernières années la plus forte dégradation du déficit public (de 2,4 à 5,8 % du PIB), mais aussi enregistré une augmentation du taux d’endettement public record (+15 points, 113 % du PIB), l’inaction n’est plus une option. Et l’investissement en santé est une ressource à ne pas négliger.

À bientôt,

Dan

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