Journal de bord d’une infirmière
par Bérénice
Le prénom et certains détails ont été modifiés.
La rencontre avec Denise
Denise a 87 ans. Cela fait quelques années qu’elle réside en EHPAD. Elle a intégré l’unité de vie protégée il y a quelques mois. C’est une démence qui lui a fait quitter la maison où elle a vécu plus de 50 ans. Où elle a élevé ses 5 enfants avec son époux qui vient toujours lui rendre visite 🫂.
Cette démence lui efface la mémoire. Ses souvenirs se mélangent, donne aux autres l’impression qu’elle ne vit pas tout à fait dans le même monde qu’eux. Mais on peut être heureux dans un monde différent…
La dégradation de l’état de santé de Denise
Depuis quelques temps, les soignants qui la connaissent bien s’inquiètent. Denise pleure tout le temps et ne s’alimente quasiment plus. Ses marathons de déambulation dans l’unité de vie l’épuisent sans pour autant qu’elle trouve le sommeil. Elle ne trouve plus de réconfort dans les visites de son mari. Il devient urgent d’apaiser son mal-être 🩹.
La téléconsultation en psychiatrie
Le jour de la téléconsultation avec la psychiatre, je rencontre une Denise assise sur son lit. Tout son corps est parcouru de tremblements. La souffrance se lit sur son visage, dans ses yeux bleus voilés par les larmes. Elle ne parvient pas à articuler plus de quelques mots. Dans un mélange de français et d’alsacien, elle tente d’exprimer tout le mal-être qu’elle contient mais les mots ne veulent pas sortir.
La douceur de la voix de la psychiatre ne parviendra pas à l’apaiser. Chaque tentative ratée de s’exprimer se termine dans un torrent de larmes ; la détresse transparaît dans tout son corps. L’entretien est long, la psychiatre tente de comprendre ce qui a bien pu conduire à cette angoisse. Elle finit par conclure que Denise supporte très mal l’antidépresseur actuel. Afin de pallier à une baisse de moral, ce dernier avait été mis en place par le médecine traitant il y a quelques semaines.
L’antidépresseur a été arrêté et remplacé par un autre ainsi qu’un anxiolytique à action rapide. Je laisse Denise aux soins de l’équipe soignante dévouée, avec la promesse de revenir dans un mois avec la psychiatre en téléconsultation, afin d’évaluer son état.
Un état de santé amélioré !
Je reverrai Denise une deuxième fois, à l’occasion d’une téléconsultation avec une de ses voisines de chambre. Elle semble alors plus apaisée, le corps détendu ; malheureusement elle est en larmes lorsque je l’aperçois.
Lors de la réévaluation, je décrouvre une Denise transformée 🪄! Plus de larmes, ses yeux bleus pétillent et elle parvient à exprimer sa gratitude à la psychiatre. Les soignantes sont enthousiastes car Denise est bien moins angoissée qu’il y a un mois. Elle arrive à nouveau à s’asseoir à table et à manger. Bien qu’elle trouve enfin le repos nécessaire la nuit ou à l’occasion de siestes en journée. Son mari est soulagé. Il reconnaît enfin sa tendre épouse. Les moments qu’ils partagent sont doux.
💊 La psychiatre prend la décision de diminuer un peu le traitement de Denise. Cela permet de ne pas la sédater inutilement et éviter les chutes. Son état psychique s’améliorant, la psychiatre décide d’arrêter le suivi, tout en restant disponible si le besoin s’en faisait sentir.
J’ai choisi de parler de Denise, mais tant d’autres personnes âgées sont victimes de dépression. Elles l’expriment toutes par tellement de symptômes ou comportements différents.
La téléconsultation de psychiatrie est un outil précieux pour les conduire à un mieux-être. En prenant le temps d’échanger avec une professionnelle à l’écoute, jamais dans le jugement, et qui est toujours à la recherche de la solution adéquate à chaque résident. C’est à mon sens un élément essentiel à une prise en soins de qualité 🔦.
